Aqueduc de La Canau

NAISSANCE DE
L’AQUEDUC

Par délibération du 29 janvier 1538, Jean Meynier d’Oppède est autorisé par la communauté d’utiliser le fuyant du moulin de la ville pour faire tourner ses propres moulins et irriguer ses terres. La communauté remercie ainsi le baron de son intervention auprès du roi de France. En effet, le 10 décembre 1537, des lettres patentes du roi François 1er, accordées lors d’un passage à Cavaillon, concèdent aux habitants de Cavaillon de capter les eaux de la Durance à la hauteur de Mérindol en terre de France ; Cavaillon étant quant à elle, en terre d’église.

Jean Meynier, baron d’Oppède, devient conseiller au parlement d’Aix puis viguier perpétuel de Cavaillon. Ses relations sont importantes, tant à la cour de France qu’auprès de l’administration pontificale.

Le 1er novembre 1543, l’évêque de Cavaillon, Pierre Ghinucci, autorise Jean Meynier, à dériver les eaux du canal Saint-Julien, pour arroser son domaine du Rouret, situé de l’autre côté de la rivière du Coulon.

Il est alors facile d’imaginer que, suite à cette autorisation, le baron d’Oppède fait construire un pont-aqueduc qui permet au canal de franchir le Coulon. Le pont-aqueduc aurait été lancé au-dessus de la rivière au milieu du XVIe siècle.

Une transaction en date du 9 mai 1595, entre l’évêque de Cavaillon, Jean-François Bordini, et Anne Meynier d’Oppède, fille de Jean, confirme à cette dernière, la possession du fuyant du moulin de Saint-Julien et par ailleurs, Anne Meynier d’Oppède pourra « refaire et remettre de nouveau les ancoules de pierre et canal de bois » qui traversent la rivière du Coulon. Les ancoules auxquelles le texte fait référence, pourraient désigner les culées du pont-aqueduc qui semble donc exister déjà à cette date et nécessite une réfection dans ses parties les plus fragiles et soumises aux colères de la rivière du Coulon.

L’ancienneté du pont-aqueduc est reconnue par les auteurs du XIXe siècle. Dans un rapport du 2 mars 1806, on peut lire : « C’est une chose connue de tout le monde que ce fut dans le XVIe siècle que M. Forbin d’Oppède, […] prit […] toutes les eaux du fossé communal, les conduisit […] au bord du Coulon, et les transporta au Plan au moyen d’un aqueduc en pierre et d’un canal en bois qu’il fit construire sur le torrent ».
Ce cadre chronologique permet de cibler les recherches dans cette période précise du milieu du XVIe siècle.

Photo historique de l’aqueduc en fonctionnement dans les années 1900

UN INGÉNIEUR TALENTUEUX
À L’ORIGINE DE L’AQUEDUC ?

La forme très particulière et unique de la Canaou laisse supposer une conception par un ingénieur talentueux.

Un nom apparaît dans les archives de la ville : Adam de Craponne (1526-1576).

C’est à lui à qui la communauté fait appel en 1560 (délibération du 11 mars) afin de réaliser le canal de Cabedan, pour l’irrigation de ce territoire jusqu’alors privé d’eau.

Adam de Craponne est présenté comme « ingénieur d’Arles » et « homme fort expérimenté ».

Il serait intéressant de chercher si lui-même ou quelqu’un de son entourage aurait pu être sollicité par le baron d’Oppède quelques temps auparavant pour étudier et concevoir la meilleure façon de franchir le Coulon afin d’irriguer ses terres du Rouret.

Adam de Craponne

UN CONCEPTEUR DE GÉNIE :
LÉONARD DE VINCI

Le système constructif adopté pour la Canaou présente de fortes similitudes avec un dessin de Léonard de Vinci (1502) que le maître avait imaginé pour un pont destiné à franchir la Corne d’or et relier Istanbul à Galata. Cependant Leonard de Vinci, mort en 1519 ne peut pas avoir réalisé le pont-aqueduc de Cavaillon.

Cette ressemblance est troublante au point qu’il serait légitime de poser la question de la connaissance du dessin de Léonard de Vinci par l’ingénieur de la Canaou et comment ce dernier aurait pu l’interpréter et le mettre en application.

À la mort de Léonard de Vinci, au manoir du Clos Lucé, tous ses manuscrits reviennent à son disciple, Francesco Melzi ; lequel repart en Italie avec son précieux héritage et les manuscrits restent dans sa maison, près de Milan jusqu’à son décès en 1570.

Lenoard de Vinci

Extrait des carnets de Léonard de Vinci

LE PROJET DE
RESTAURATION

Sauvegarder la mémoire de la gestion de l’eau du territoire est un enjeu important. L’ASA, propriétaire du pont aqueduc, s’est lancée en 2015 dans une opération de restauration de l’ouvrage. Distingué à l’occasion du loto du patrimoine de la Mission Patrimoine Stéphane Berne, ce projet est soutenu par les pouvoirs publics et de nombreux mécènes :

Les travaux permettront de mettre en sécurité l’ouvrage en confortant les culées (fondations), en remplaçant certaines pierres de couverture et en restituant les gardes corps d’origine et les crochets de soutien de l’ancienne bâche en bois. L’ouvrage pourra ainsi traverser les siècles à venir et continuer à témoigner de l’ingéniosité des hommes de l’époque.

Logo Fondation du Patrimoine
Logo Cavaillon ville du Luberon
Logo Département de Vaucluse
Logo Département de Vaucluse
Logo Département de Vaucluse
Logo Département de Vaucluse
Logo Cavaillon ville du Luberon

Les travaux permettront de mettre en sécurité l’ouvrage en confortant les culées (fondations), en remplaçant certaines pierres de couvertures, et en restituant les gardes corps d’origine et les crochets de soutien de l’ancienne bâche en bois. L’ouvrage pourra ainsi traverser les siècles à venir et continuer à témoigner de l’ingéniosité des hommes de l’époque.